vendredi 29 juin 2007

Le Poisson - II

2ème partie

Ah Zhang se rappelait très bien de la dernière conversation avec son grand-père avant de rentrer chez son maître d’apprentissage.

« Ah Zhang, la prochaine fois que tu rentres à la maison, rapporte un poisson à la maison, ce serait bien. Ici à la montagne on n’en mange jamais. Toi tu vas au bord de la mer, tu pourras nous rapporter un bon gros poisson !! » lui avait dit son grand-père.

« La prochaine fois que je rentre ! Mais je ne sais même pas quand ce sera ! »

« Ben c’est pour ça que j’ai dit quand tu rentreras »

« Ben ça, ça dépend de mon maître. C’est pas moi qui décide. Et puis quand je rentrerais, heu ce n’est pas sûr que j’ai de l’argent hein ! C’est le patron qui décide ça aussi ! »

« Ben oui, c’est ce que j’ai dit ! Tu rapporteras un poisson à la maison quand tu auras de l’argent et quand tu pourras rentrer ! Et ton patron il te donne de l’argent quand ? » avait demandé son grand-père.

« Ben, c’est toi-même qui me l’a dit quand tu m’as emmené là-bas. Il faut d’abord que je sois apprentis pendant 3 ans et 4 mois pour avoir de l’argent. »

« Oui oui c’est vrai. Tu es là-bas pour apprendre la menuiserie. Il te faut encore combien de temps pour apprendre à faire une table ? »

« Faire une table. A ça, c’est pas facile, mais ça fait déjà longtemps que je sais faire ! » avait répondu fièrement Ah zhang.

« Ben alors, pourquoi tu apprends encore là-bas ! »

« Ben les 3ans et 4 mois de l’apprentissage ne sont pas terminés. »

« oh oh ! Tu y es depuis combien de temps déjà ? »

« Il me reste encore un an et demi ! Pftttt, j’ai l’impression que cet apprentissage n’en finira jamais ! » souffla Ah Zhang.

Mais son grand-père tout de suite réagit à cette exclamation :

« Hé ! Les jeunes ne devraient pas souffler comme ça ! »

« Ah bon pourquoi ? »

« Ben c’est comme ça ! Hmmm, ça porte malheur voilà » lui dit son grand-père. Mais Ah Zhang, la tête baissée, le regard levé vers son grand-père : « Ha Gong ! »

« Hein ! »

« Et quand on est très triste on ne peut pas souffler non plus ? Parce que souffler dans ces cas là c’est très agréable ! »

« Ahahah » soudainement Ah gong se mit à rire.

« Ben quoi qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? »

« Je n’avais pas remarqué que tu avais déjà grandi. Tu parles comme un grand maintenant ! Et eheh fait attention ! Ne te penche pas trop vers là, tu pourrais tomber. C’est très profond de ce côté-là et les bambous finiraient de te blesser si tu tombais dans ce ravin ! »

« Ah gong tu vas jusqu’où comme ça ? »

« Ben nulle part, je t’accompagne jusqu’au bus, c’est tout ! »

« Ne t’inquiète pas, je ferai attention, je peux très bien y aller tout seul ! Et puis la prochaine fois, je rapporterai un poisson c’est promis ! » Ah Zhang et Ah gong avançaient ainsi jusqu’à l’arrêt de bus entrecoupant parfois leur chemin par quelques bribes de discussions. Arrivé à un tunnel, Ah gong laissa passer Ah Zhang le premier et le suivit. Le silence régnait dans ce tunnel très sombre, quand Ah Gond demanda à son petit-fils :

« Ca va ? C’est pas trop dur le boulot ? »

« Ben heum heum ! c’est dur mais c’est comme ça ! Y’a rien à faire. Le patron me donne tout à faire, même les couches du bébé c’est moi qui les change alors ! »

« Quoi et la femme du patron qu’est-ce qu’elle fait ? Rien ? Mais ne t’inquiète pas ! Patiente un peu, c’est presque terminé ! »

« Ben oui. Ca tu me l’as déjà dit ! »

« Hein n’est-ce pas ! Il faut supporter. C’est comme ça. Soit patient et tu feras un bon exemple pour ton petit frère et ta petite sœur. »

Mais Ah Zhang n’écoutait déjà plus les recommandations de son grand-père entendues déjà maintes et maintes fois. Il observait les chèvres dans le champ. Elles étaient à eux. C’était leurs chèvres ! Quand il demanda :

« Et nos chèvres elles vont bien ? »

« Et oui, pas mal ! Elles vont bien ! »

« Ben il faudrait en élever plus non ? »

« Oui j’y ai déjà pensé » confia son grand-père.

« Si on en élève plus, on aura encore plus de petits chevreaux »

« Oui tu as raison, j’y avais déjà pensé »

« Ben oui depuis le temps qu’on n’en a que trois ! » s’exclama Ah Zhang.

« Et en plus que des mâles ».

« Les mâles ne servent à rien. »

« Ben si ce n’est que des femelles ce n’est pas mieux hein ! »

« Ben j’avais pensé que si on avait plus de chèvres et des chevreaux on pourrait les vendre et alors acheter des outils de menuiserie avec cet argent. » Et tout en parlant, Ah Zhang se pencha pour arracher une brindille qu’il mit entre ses dents.

« Et fait attention tu vas te couper, c’est dangereux ça ! ». Puis Ah Gong revint immédiatement à leur conversation :

« Parce que tu veux un outil de menuiserie ? »

« Ben oui. Tu sais grand-père je ne sais pas que faire des tables. Je sais aussi faire des étagères, des coffres, des lits, des armoires ! J’ai déjà tout fait. »

Et Ah Gong heureux de cette bonne nouvelle : « Et bien alors on t’achètera un bel atelier ! avec l’argent des chèvres ! c’est promis ! »

« Quand » s’inquiéta Ah Zhang.

« Oh la, ne sois pas si pressé ! Ne t’inquiète pas on te l’achètera ton atelier. Je vais aller de ce pas échanger deux boucs contre une chèvre. Et avec un mâle et une femelle on pourra commencer tout de suite à faire des chevreaux. »

« Ben il faut te dépêcher hein, parce que je suis presque un menuisier maintenant ! »

« Bon c’est bien, mais n’oublie pas que parce que tu as presque fini, même si c’est dur tu dois le supporter d’accord ? »

« Oui d’accord ! » répondit Ah Zhang quand ils aperçurent enfin l’arrêt de bus de Pitou. Et ils marchèrent en silence jusqu’à l’arrêt de bus.

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