vendredi 30 mars 2007

Un jour sans feu : la fête du froid

Il s'agit d'une histoire de la période appelée « Printemps et Automne », entre le VIIIème et le Vème siècle avant notre ère. Suite à l'évènement relaté dans cette histoire, une fête est née : la fête des aliments froids, le jour où le feu est interdit. Aujourd’hui disparue, ce jour de mémoire était, jusqu’à l’époque Tang, fêté quelques jours avant la fête des morts. La date exacte de cette commémoration est jusqu’à maintenant toujours indéfinie ; les dates retrouvées dans les archives ne concordant pas. Par contre, une chose est sure sur l’origine de cette fête, il s’agit de l’histoire qui unit le roi Jin Wen Gong et son vassal, Jie Zhi Tui.

Voici leur histoire…

A l’époque des Grands Royaumes de la période Printemps et Automne, vivait le roi Jin Xian Gong. Il était à la tête d’un royaume puissant, très convoité. Ses fils, l’aîné Shen Sheng, Zhong Er et le troisième Yi Wu espéraient tous succéder à leur père. Mais ce dernier, follement amoureux de la concubine Li Ji, écoutait aveuglément ses recommandations. Li Ji, par quelques intrigues, parvint ainsi à convaincre l’empereur Jin Xian Gong que ses fils n’avaient pas les qualités nécessaires à cette charge d’empereur. En revanche, le fils de Li Ji, la concubine, semblait être le meilleur successeur possible à l’empereur. Face à cette situation, l’aîné des fils de Jin Xian Gong, Shen Sheng tenta d'assassiner son père par empoisonnement. Cette trahison fut découverte et lui fut fatale. Il fut poussé au suicide. L’empereur, Jin Xian Gong plongea alors dans un état de colère monstrueux et de paranoïa atroce et poussa ses deux fils restant à l’exil.

Ainsi, Zhong Er, accompagné de ses vassaux, dont le fidèle Jie Zhi Tui, avait choisi l’exil au Royaume de Wei. Le chemin jusqu’à ce royaume fut long : 14 ans d’exil, ayant réunis Zhong Er et Jie Zhi Tui. Dans les moments les plus durs, alors que par monts et par vents ils ont continué à marcher, Jie Zhi Tui sans défaitisme, sans relâche, continua à servir son seigneur Zhong Er. Enfin parvenu au royaume de Wei, Zhong Er s’allia à l’empereur de Wei par mariage avec sa fille.
Par la suite, fort de l’alliance de ce royaume et son père étant décédé, il put enfin regagner sa place en son royaume de Jin. Accompagné des ses vassaux, il se déclara empereur de Jin et devint l’empereur Jin Wen Gong.


L’heure de gloire sonnait pour tous les vassaux de Jin Wen Gong, qui décida de les remercier pour leur fidèle service et sut offrir à tous un poste de gouverneur. Tous, sauf un, le plus fidèle des fidèles, mais aussi le plus loyal, celui qui savait s’effacer complètement pour servir son futur empereur, le vassal Jie Zhi Tui. Lui seul n’obtint de place de gouverneur. Celui-ci, trop vertueux, n’osa demander sa place et se retira visiter sa vieille mère qu’il n’avait pas vu depuis ses longues années d’exil.

Pendant ce temps, l’empereur Jin Wen Gong reçut un rouleau de bambou où, lui informait-on, un des fidèles, le plus fidèle peut-être d’entre ses vassaux, avait été oublié. Et immédiatement, Jin Wen Gong se souvint du vassal Jie Zhi Tui, celui qui part temps glacial, alors que la seule nourriture disponible était elle aussi glacée, avait réussi à se procurer de la soupe pour son futur empereur, Jin Wen Gong. Comment avait-il pu l’oublier ? Il voulut réparer son erreur sans plus attendre et envoya chercher Jie Zhi Tui. Trop tard. Ce dernier venait de quitter sa chambre. N’étant pas nommé gouverneur, il n’avait plus sa place dans la capitale et était rentré chez lui. Jin Wengong venait de rompre l’alliance tacite entre Jie Zhi Tui et lui-même, par un simple oubli qui changea à jamais leur destin!

Jie Zhi Tui avait retrouvé sa mère, dans son village natal. Sa mère, heureuse de revoir son fils, fut cependant très inquiète de le voir revenir.
« Fils, quelqu’un t’a voulu le déshonneur paraît-il? Tout le royaume en parle. Jin Wen Gong t’aurait-il réellement rejeté?»
« Mère, peut-être n’ignorez-vous pas que Zhong Er est le seul fils restant de feu l’empereur Jin Xian Gong. Ainsi à la mort de son père, ZHong Er avait tous les pouvoirs pour rentrer au royaume de Jin et devenir empereur à son tour. La foule, les soldats, les vassaux tous l’adulaient pendant son exil. Aujourd’hui, désormais revenu, il est acclamé par la foule ! Il est l’empereur de notre royaume et personne ne peut le contester. Cependant, autour de lui, vivent de nombreux brigands et vils menteurs parmi ses soldats et vassaux. En exil, leur pouvoir s’est accru et leur influence sur Zhong Er s’est renforcée. Désormais, ils occupent tous une place de gouverneur et sont ainsi à la tête du royaume aux côtés de Jin Wen Gong. L’empereur a choisi de me rejeter, je ne peux qu’accepter cette décision. Moi loyal et fidèle, jamais je me plierai à suivre leurs ordres et à gouverner avec ces bandits. Je préfère me retirer que de mendier un poste auprès de ces chiens».
«Fils» conseilla sa mère, «ton cœur s’est ouvert à moi, ce qui me touche profondément. Mais ne serait-il pas plus sage d’en informer directement sa majesté l’empereur?»
« Mère, est-il encore utile de parler de cela? L’empereur a déjà pris sa décision. Que pourrais-je lui dire, conseiller moi? Qui suis-je pour cela? Ne serait-il pas préférable de me retirer dans la montagne et d’y finir mon destin?»
« Et bien, fils, s’il en est ainsi, je t’accompagnerai dans ta retraite. Ensemble nous nous retirerons dans la montagne».
« Mère, comme il vous plaira».
Et c’est ainsi que Jie Zhi Tui et sa mère se retirèrent dans la montagne Mian.

De son côté, l’empereur Jin Wen Gong, terriblement attristé par son oubli impardonnable, décida de chercher Jie Zhi Tui pour le prier de revenir à ses côtés. Il avait la ferme intention de lui prouver qu’il comptait encore parmi les fidèles de l’empereur. Un simple oubli pensait-il. Un rappel suffirait ainsi pour convaincre Jie Zhi Tui de revenir à la cour.
Alors, Jin Wen Gong, informé de la retraite de Jie Zhi Tui dans la montagne, envoya ses soldats chercher son vassal. Mais à de nombreuses reprises, Jie Zhi Tui refusa son retour auprès de l’empereur.

Ces refus répétés inquiétaient et rongeaient Jin Wengong. Il avait commis une erreur. Serait-elle réellement irréparable? Pourquoi Jie Zhi Tui ne voulait donc pas revenir à ses côtés?
« Que faire ! Jie Zhi Tui a vécu à mes côtés pendant 14 années, sans jamais me trahir, ni même m’abandonner. Il a été le plus fidèle. Mais comment ai-je pu l’oublier !! C’est impardonnable. Sa loyauté et sa vertu ne me le pardonneront jamais ! Comment mettre un terme à cette douloureuse situation? Je n’en peux plus. Jie Zhi Tui ne veut pas répondre à mes soldats et gouverneurs. C’est décidé, je vais y aller moi-même.
Que l’on prépare mon char, nous allons à la montagne Mian»

Le cortège impérial s’orienta vers la montagne Mian. Arrivé à la demeure de Jie Zhi Tui, l’empereur, sans même avoir eu le temps de parler à ce dernier, se vit rejeté par quelques mots très simple de Jie Zhi Tui :
«Votre majesté, inutile de pénétrer dans ma demeure. Je ne me rendrai pas à votre cour. Je refuse d’exercer le poste de gouverneur. J’ai choisi de me retirer. Telle est ma décision, rien ne me fera changer! Je vous en prie, rentrez à la cour!»

Jin Wen Gong, profondément attristé, se retira malgré tout, mais seulement de quelques mètres. Caché derrière la forêt qui encerclait la maison de Jie Zhi Tui, l’empereur et ses soldats réfléchirent à la meilleure façon de faire revenir son fidèle vassal.
«Votre majesté, permettez-moi!» suggéra un de ses gouverneurs. «Pour l’instant, Jie Zhitui se refuse à sortir, mais peut-être pouvons nous le forcer à sortir. En mettant le feu à la forêt autour de sa demeure, par piété filiale, pour sauver sa mère, il sera contraint à sortir, et n’ayant nulle part où aller, votre majesté pourra les recueillir tous les deux à la cour. Il ne pourra plus vous refuser votre main tendue».
«Cela me paraît être une bonne stratégie. Nous allons nous poster aux pieds de la montagne, derrière sa demeure. La forêt n’abrite sa propriété que par devant, ils peuvent sortir à l'arrière. Nous l’accueillerons à sa sortie».
Jin Wen Gong ordonna l’incendie de la forêt de la montagne Mian.

L’empereur, posté derrière la montagne, attendit la sortie de Jie Zhi Tui. En vain. Jie Zhi Tui refusa de quitter sa demeure. L’incendie prit alors plus d’ampleur qu’ escompté.
« Votre majesté vite, vite! Ne restez pas là! L’incendie s’étend sur toute la montagne. Vite partons!»
«Non» rétorqua sèchement l’empereur au gouverneur qui se jetait à son secours. «Toi, tu restes ici et essaye de retrouver Jie Zhi Tui. Il faut venir à son secours. Il va périr ici! Et par ta faute et ton idée stupide!»
Le feu se propagea pendant trois jours et trois nuits. Lorsqu’il fut enfin éteint, les soldats de l’empereur inspectèrent les lieux de l’incendie. Ils découvrirent deux corps calcinés, accrochés à un arbre. Jie Zhi Tui et sa mère avaient choisi la mort plutôt que de perdre leur honneur en exerçant la fonction de gouverneur aux côtés de tous ces soldats et seigneurs corrompus.

Jin Wen Gong, quant à lui, ne put ni oublier ce terrible jour, ni se pardonner ses deux erreurs épouvantables : l’une d’avoir oublié son fidèle parmi les fidèles au poste de gouverneur et l’autre, d’avoir causé la mort de ce dernier par son entêtement à vouloir rattraper sa première erreur.
Afin de ne pas oublier Jie Zhi Tui une nouvelle fois, il ordonna le lendemain à ce que tous les foyers de feu, toutes les bougies, toutes les moindres petites flammes soient éteintes en souvenir de celui qui avait été à ses côtés quand l’empereur avait eu froid et à celui qui périt dans les flammes!

vendredi 2 mars 2007

La fête des lanternes

Le 15ème jour du premier mois de l'année chinoise, c'est la fête des lanternes. Voici une histoire à propos de cette fête.

Il y a plus de deux mille ans, sous la dynastie Han, régnait l’Empereur Han Wudi.
Dans son palais, celui-ci avait un jardin merveilleux qu’il tenait à garder secret. A l'intérieur, y vivaient recluses l'ensemble de ses concubines. Ainsi, seul les membres de la cour impériale pouvaient côtoyer ses concubines et se promener dans le jardin de l’Empereur Wudi.

Dans cette cour, vivait aussi le seigneur Dong Fangshuo. Il aimait à se promener dans le jardin de sa Majesté l’Empereur. Il s’y promenait par tous les temps. Et lorsque l’hiver débutait, que les premiers flocons se mettaient à tomber, Dong Fangshuo aimait à se rendre auprès des fleurs de pruniers, fleurs de l’hiver, pour contempler leur beauté.
« Ah premières fleurs de pruniers, comme vous êtes belles. Il n’y a que moi, Dong Fangshuo qui puisse vous contempler. Dans ce jardin secret, nul n’ose s’y aventurer l’hiver. » se réjouissait-il, tout en profitant du parfum des fleurs de pruniers sur la branche de l’arbre qu’il tenait dans sa main.
Quand, il entendit des pleurs dissimulés. Il s’approcha et vit une jeune et jolie demoiselle s’avancer et se pencher de très près au-dessus du puits.
« Oh malheur, jeune demoiselle, ne fait pas une telle bêtise ! »

« Non lâchez-moi, je vous en prie, laissez-moi ! »

Cependant, malgré la résistance de la jeune fille, il parvint à l’éloigner du puits. Le danger était écarté pour le moment. Elle ne se jetterait pas dans le puits en présence de Dong Fangshuo !
« Mais enfin, jeune fille, que vouliez-vous faire! Ce puits est loin d’être assez profond pour vous jeter dedans. L’eau y est claire et peu abondante. Si vous vous jetez dedans, vous allez vous y écraser. Ainsi, en vous en ressortant, vous imaginez l’horreur que nous allons vivre en voyant votre visage écrasé ! Allons, ce n’est pas raisonnable!
Dites-moi plutôt pourquoi vouliez-vous commettre un geste si irréparable. Quel malheur vous tourmente? Quel chagrin vous pèse ? Vous êtes si jeune. Vous avez encore la vie devant vous ! »

« Maître, je m’appelle Yuanxiao, de Zhang An, dans le Nord Ouest, concubine à la cour de l’Empereur Wudi. Voilà plusieurs années maintenant que je suis enfermée ici et que ma famille me manque. Chaque jour qui passe aggrave ma peine. Quand vient l’hiver, le froid , la neige, je pense à mes parents, à leur chaleur, à la douceur du foyer ! La nouvelle année approche et mon chagrin s’agrandit. Mon cœur s’est flétri au fil des ans passés à la cour. Aujourd’hui, il s’est éteint. La vie n’a plus de goût, plus de sens, jamais je ne reverrai ma famille ! »
« Seigneur, je suis sure que vous comprenez ma douleur ! Vous, Dong Fangshuo le généreux, connu à la cour pour son intelligence et sa bonté. Vous, qui avez déjà tout le respect de mes sœurs à la cour. Seigneur, je vous en prie! Vous seul connaissez notre chagrin, vous seul pouvez comprendre. Aidez-nous, pauvres concubines emprisonnées dans ce palais ! »
« Ahhh, allez ça suffit, relève-toi ! Je t’en prie relève-toi. Bien sûr tes compliments me flattent, mais bon, heu, assez discuté. Tu me donnes beaucoup de responsabilités maintenant. Je dois donc régler ça moi-même. Rentre dans ta chambre et n’en parle à personne ! Je m’en vais trouver une solution. Mais pas de bêtise en attendant mon retour hein ? ».

Et Dong Fangshuo, discrètement, quitta le palais impérial pour se rendre dans la ville de Zhangan, dans le nord ouest, là où résidait la famille de Yuanxiao. Sur son mulet, dans le froid glacial, Dong Fangshuo prit la route.

Quelques jours plus tard, il arriva à la porte de la famille de la jeune Yuanxiao.
D’abord étonnée par la visite de cet inconnu, la jeune sœur de Yuanxiao le laissa finalement entrer dans la maison. Autour d’une tasse de thé, Dong Fangshuo décrivit la situation de Yuanxiao et leur fit part de ce qu’il en pensait. De tasse en tasse, avec les parents de la jeune Yuanxiao, Dong Fangshuo commençait à fomenter une stratégie.

Le lendemain, Dong Fangshuo se rendit sur la place du marché. Là, il s’adonna à la bonne aventure.
« Allez, approchez mesdames et messieurs. Le grand Dong Fangshuo va vous raconter l’avenir ! La bonne et la mauvaise fortune je vais tout vous révéler ! ».
Les passants affluèrent. Tout le monde se laissa conter la bonne et mauvaise fortune, qui se révéla plutôt mauvaise pour tout le monde…

Et oui, tous les habitants de la ville allaient connaître le même destin : brûlés vifs dans la ville Zhangan le 15ème jour du premier mois de l’année !
« Seigneur Dong Fangshuo, comment faire, pourquoi cet incendie ? Comment l’en empêcher ? »
« Mes amis, le 15 du premier mois de l’année, une jeune fille vêtue de rouge sur un âne argenté viendra à Zhangan. Et c’est elle qui ordonnera l’incendie. »

Les habitants de la ville, tous paniqués, s’en remirent à Dong Fangshuo encore une fois.
« Seigneur, raconteur de bonne et mauvaise fortune, nous vous supplions, dites-nous que faire pour éviter la catastrophe ? ».
« Messieurs, vous les grands sages aux cheveux longs et argentés, le 13ème jour de ce premier mois, la déesse vêtue de rouge, sur son âne argenté, apparaîtra, mais à quarante hameaux d’ici. Elle n’apparaîtra qu’à la nuit tombée. A son apparition, il vous faudra vous agenouiller devant elle. Alors la ville pourra être sauvée.

Et le 13ème jour du premier mois de l’année, la jeune sœur de Yuanxiao, vêtue de rouge sur son âne aux poils argentés fit son apparition au lieu dit. Les vieillards s’agenouillèrent respectueusement devant elle et la prièrent de ne pas incendier leur ville.
La déesse leur répondit alors :
« Je suis envoyée par sa majesté l’Empereur de Jade céleste. Les ordres d’incendier la ville viennent de lui. Vous connaissez l’incroyable puissance de sa colère ? Si sa majesté n’aperçoit pas l’incendie de Zhangan, comment réagira-t-il ? Moi l’incendie, bien sûr je peux ne pas le provoquer, mais pensez si sa majesté l’Empereur de Jade céleste l’apprenait, les conséquences terribles que cela pourrait avoir. Demandez donc de l’aide à votre Empereur. Je ne puis décider de tels actes toute seule. »
Et la déesse repartit.

Les sages du village aussitôt rendirent visite au seigneur Dong Fangshuo qu’ils implorèrent de parler en leur faveur auprès de sa majesté l’empereur Wudi.

Et Dong Fangshuo repartit au palais de sa majesté.
Au palais, Dong Fangshuo obtint une audience avec l’empereur Wudi.
« Votre Majesté, moi, Dong Fangshuo, ici présent, porte-parole des sages de la ville de Zhangan, requiert de l’aide à sa majesté. Le 15ème jour du premier mois de l’année, un incendie se propagera dans la ville de Zhangan. La déesse du feu envoyée par sa majesté l’Empereur de Jade céleste, sans votre intervention, s’exécutera et toute la ville brûlera ! ».
« Hmmm, Dong Fangshuo, vous le clairvoyant dites-moi, que feriez-vous ? »
« Et bien, votre Majesté, vous savez, il paraît que la déesse du feu aime particulièrement la soupe que l’on appelle Tangyuan. Pourquoi ne pas demander au peuple d’offrir de la soupe Tangyuan en offrande à la déesse. »
« Ahahah, mon bon Dong Fangshuo, vous voulez plaisanter sans doute. »
Mais imperturbable, Dong Fangshuo continua :
« Votre Majesté, ce jour là, le 15ème jour du premier mois de l’année, il faudrait aussi ordonner à tous les habitants de suspendre des lanternes et de jouer avec de la poudre de feu aussi. Qu’il y ait beaucoup de fumée et des lanternes, que le ciel rougisse et que la fumée s’étende sur tout le royaume. »
« Oh, mais oui. Et l’Empereur de Jade céleste y verra un incendie. Il sera alors complètement satisfait. Mais cette manœuvre est compliquée. Elle nécessite beaucoup de mains d’œuvres, je vais demander à ce que toute la cour y participe. Que toutes mes concubines, mes servantes et servants y participent. »
« Ah oui, votre Majesté. Hmm, j’ai entendu dire que la demoiselle Yuanxiao, concubine de votre Majesté, fait particulièrement bien la soupe Tangyuan. L’idéal serait qu’elle prépare la soupe spécialement pour la déesse du feu. Pour que celle-ci la reconnaisse, le mieux serait que, munie d’une lanterne du palais, avec son nom écrit dessus, elle sorte offrir la soupe de Tangyuan à la déesse du feu. »
« Et bien faite, Dong Fangshuo. Comme il vous plaira. Tout ceci est sous votre contrôle. Je vous donne tous mes pouvoirs pour régler cette affaire. »

Et Dong Fangshuo se retira. Satisfait de sa prestation, où au cours de cet entretien il avait réussi à obtenir la sortie de Yuanxiao ainsi que de celle de toutes les concubines et servantes du palais.

Le lendemain, au chant du coq, le 15ème jour du premier mois de l’année débuta. Tous les habitants de Zhangan, lanternes à la main se retrouvèrent dans les rues. La soupe Tangyuan reposait sur toutes les tables des habitants.
Et dans cette foule, sous le ciel rougi des lanternes, s’avançait la jeune Yuanxiao, lanterne à la main, à la rencontre de la déesse du feu, qui n’était autre que sa sœur cadette.

Enfin, Yuanxiao put revoir sa famille. Ce jour-là, tout le royaume de Han Wudi vécu dans le bonheur.

Le 16ème jour du premier mois de l’année, Dong Fangshuo eut une audience avec sa Majesté l’Empereur. L’Empereur, heureux de voir son royaume aussi paisible et joyeux informa Dong Fangshuo que désormais tous les 15ème jour du premier mois de l’année, tous les gens de la cour impérial pourraient sortir. Et ainsi débuta la fête des lanternes.

Quant à Yuanxiao, elle est désormais dans la mémoire de tout le monde, non seulement parce qu’elle donna son nom à la soupe Tangyuan, appelée aussi Yuanxiao, mais aussi à la fête des lanternes, qui est célébrée sous le nom de « la fête de Yuanxiao » en chinois.