vendredi 29 juin 2007

Le Poisson, d'après la nouvelle de Huang Chun-Ming


Voici la première partie de l'histoire Poisson, d'après la nouvelle de Huang Chun-Ming.

« Ah Gong, Ah Gong, tu m’avais dit de rapporter un poisson n’est-ce pas ? Et bien ça y est, je l’ai rapporté. Un joli poisson, un bonito ! » se répétait à lui même le jeune Ah Zhang perché, redressé très droit sur sa vieille bicyclette rapporté d’outre tombe ! Il était fier, il conduisait une bicyclette ! Elle était grande, seul un adulte, un homme, un vrai pouvait monter sur cette bicyclette et y atteindre les pédales, et lui enfin, Ah Zhang pouvait la conduire ! Il était assez grand désormais. Au début, quand il avait sortit la bicyclette de son cimetière il s’était installé sous le cadran, de là, courbé un peu, il pouvait pédaler sans difficulté, mais il était grand désormais s’était-il fait remarquer à lui-même, il pouvait la conduire comme les grands maintenant, assis sur la selle, il devrait bien atteindre les pédales. Alors il s’était perché sur cette selle au-dessus du cadran et cahin-caha, tantôt penché à gauche, tantôt à droite, il conduisait sa bicyclette. Sur son vélo, il avait aussi accroché les bonitos tout frais rapportés du marché. Ceux-ci enveloppé dans des feuilles de tarot il les avait fixés sur les poignées du guidon. Fier de sa trouvaille, il conduisait son vélo bringuebalant tout droit vers sa destination, la maison de son grand-père ! Ah oui il serait content son grand-père de le revoir ! Il avait rapporté les bonitos, du poisson. Il avait rapporté du poisson à la montagne pour sa famille. Grand-père, petit frère et petite sœur ils seraient tous aux anges, ils pourraient manger du poisson !! Et en plus, ils verraient que Ah Zhang avait un vélo, un vrai vélo d’adulte ! Il avait grandi ! Avec ce vélo il pourrait économiser les 12 sous du bus qu’il lui fallait dépenser pour rentrer chez lui, à Pitou dans la montagne. Cette bicyclette, il l’avait récupérée chez la famille qui l’employait comme apprentis. Elle était vieille, personne ne la voulait alors il l’avait empruntée pour rentrer chez lui.

Sur le chemin de la maison, Ah Zhang ne réfléchissait à rien, il était heureux, il ne pensait qu’à la joie de son grand-père à la vue du poisson. Même les couinements et grincements douloureux de la vieille bicyclette ne pouvaient le sortir de son rêve. Il se voyait déjà sur le porche de la maison, les deux poissons dans les mains les bras levés vers son grand-père et face à ce dernier ébahi devant les deux poissons de son petit-fils, lui disant :

« Ben quoi ? Je n’aurai quand même pas oublié ! J’ai rapporté du poisson !! »

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