vendredi 15 juin 2007

L'histoire de Chu Yuan, illustre lettré.

Dans la culture chinoise, la fête de Duan Wu Jie célèbre le poète Chu Yuan, suicidé pour l'honneur de sa patrie.
Voici son histoire

Chu Yuan, célèbre lettré, vivait à l’époque des Royaumes combattants dans le royaume de Chu. Cet érudit était un des vassaux les plus fidèles du roi Huai Chu. En effet, par ses sages conseils, Chu Yuan avait permis au roi d’apaiser son royaume et d’y apporter enfin la stabilité nécessaire à son développement. La confiance du roi pour son fidèle vassal Chu Yuan était alors sans limite. Cependant, la position privilégiée de Chu Yuan n’était pas appréciée par tous les sujets du royaume et tous les feudataires, briguant cette place si respectée de conseiller du roi, rivalisaient de médisances à l’égard de Chu Yuan dans l’espoir de devenir favoris à leur tour. Ainsi l’un des hauts conseillers du roi entreprit de mettre fin à cette relation de confiance entre le roi et son conseiller Chu Yuan. Un jour, il s’adressa au roi :

« Votre Majesté, moi, votre conseiller feudataire, permettez-moi d’exercer mon devoir et ainsi de vous entretenir d’un sujet qui me préoccupe beaucoup. Dans votre royaume, Majesté, vous n’êtes pas sans ignorer la popularité sans borne de votre conseiller Chu Yuan. Et bien, il semblerait que son dévouement pour son royaume soit connu de tous par delà le royaume de Chu. Si bien que la politique et le gouvernement si éclairés de votre Majesté soient passés inaperçus dans le royaume. Et ce d’autant plus que votre sage et fidèle conseiller Chu Yuan ne cesse de se vanter à travers tout le royaume de ses exploits et conseils. »

Ces quelques paroles suffirent à troubler le roi et c’est ainsi que le roi de Chu commença à se méfier des conseils de son fidèle parmi les fidèles, le lettré et sage Chu Yuan.

Quelques temps après, la guerre reprit au royaume de Chu. Le royaume de Qin, avide de conquête, ne tarda pas à déclarer la guerre au royaume de Chu.
Le royaume de Qin commença par aborder le roi de Chu par une fourbe stratégie. Ainsi, il proposa au roi de Chu une alliance qui serait conclue entre les deux royaumes de Chu et de Qin à Wuguan. Un rouleau fut apporté au roi de Chu par un messager du royaume de Qin. Son rouleau en main, le roi de Chu, Huai, prit cette alliance au sérieux. Ce geste de civilité et d’humanisme suffit à satisfaire le roi pour accepter cette alliance et préparer son armée à se rendre à ce rendez-vous.
Un grand conseil général fut décrété par le roi, afin de préparer son armée et cette alliance. Le conseil commença d’abord par les explications du roi, puis il donna la parole à ses conseillers. Après l’état des lieux de la situation, Chu Yuan, incrédule face à cette offre si généreuse du royaume de Qin, intervint sans attendre auprès du roi.
« Votre Majesté, si vous me le permettez, je désirerais intervenir. Votre altesse, il est évident que cette alliance n’est qu’un leurre de la part du roi de Qin. Quel serait le bénéfice de cette alliance pour le royaume de Qin et notre royaume. Le roi de Qin est un tigre aux longues griffes et aux dents de loup. Votre majesté, il me semble que la sagesse nous recommande de ne pas accepter cette alliance. Ne répondons pas et préparons nous à son attaque».

« Votre Majesté» intervint alors un autre conseiller du roi. « Permettez-moi de vous présenter mon idée sur cette alliance. Voilà, nous, le royaume de Chu ne devons-nous pas surpasser les méfiances et les préjugés sur le royaume de Qin. Cette alliance, ne serait-elle pas plutôt un signe de paix. Il me semble que le royaume de Qin nous fait signe, ne devons-nous pas au contraire accepter cette alliance ? Votre majesté, croyez-moi, nous ne pouvons refuser ce rendez-vous. »

« Votre Majesté », intervinrent alors les autres conseillers, tous près à contredire les propos de Chu Yuan. Votre sage conseiller Zilan a, me semble-t-il, raison. Acceptons cette alliance. Allons à Wuguan. »
Et c’est ainsi que l’armée de Chu se rendit à Wuguan où elle fut encerclée par l’armée ennemie. Le roi Huai Chu fut emprisonné et condamné à mort. Son successeur, sous les recommandations des anciens conseillers du roi de Chu, déclara Chu Yuan, grand et fidèle conseiller du roi, comme responsable de ce terrible échec du royaume de Chu. Chu Yuan fut alors exilé par le roi de Chu, le grand QinNang.

Chu Yuan rentra dans son pays natal pour vivre aux côtés de sa soeur.

Ainsi CHu Yuan était désormais installé dans une vie de recueillement, de réflexion et de tristesse. Envahi par un immense chagrin, il composa les célèbres rouleaux de bambous, intitulés « tristesse de l’éloignement ». Il ne pouvait oublier son royaume, le royaume de Chu et son roi, mort par les mauvais conseils de ses conseillers. Toujours inquiet pour son pays, jour et nuit, Chu Yuan ne cessait de composer sur les meilleures façons d’agir et la nostalgie de son royaume, le royaume de Chu. Son chagrin était de plus en plus lourd. Quand un jour, la nouvelle lui parvint. Le royaume de Chu était conquis. La capitale était prise par le royaume de Qin !
Chu Yuan s’effondra ! Tout était fini. Sa vie, il avait tout donné pour son royaume, mais en vain. Il était conquis. Sa tristesse fut infinie jusqu’à devenir insupportable. Il ne dormait ni ne mangeait plus.
Lorsqu’un matin, il se redressa. Droit, debout, les joues sèches, entaillées les larmes des jours passés, il demanda à sa servante de lui préparer des vêtements propres. Il sortait.
Il prit son cheval, calmement et s’avança vers la rive du fleuve Milo.

« Chu Yuan te voilà sur la rive du changement. Le monde dans lequel tu vis est de plus en plus impur et bourbeux. Moi, Chu Yuan, solitaire en ce monde sali par ses sujets, il me faut désormais aller de l’avant. Je dois surpasser ce monde. J’ai choisi. Je vais quitter cette fausse pourrie, ce monde impur.
Pourquoi ne pas essayer les mondes sous-marin ?! » Et il sauta.
Chu Yuan se noya dans la rivière Milo, effondré par le désastre du gouvernement de son nouveau roi.

La nouvelle se répandit très vite. Chu Yuan, l’éminent poète et conseiller du roi s’était noyé.
Les habitants de son village natal, tous respectueux envers cet homme illustre, montèrent sur leur barque et commencèrent affolés à chercher Chu Yuan. Sans résultats, ils choisirent alors d’alerter Chu Yuan de leur présence par des tambourinages. Leur gong embarqué, tous ensemble, ils jouèrent. Les gongs sonnèrent, résonnèrent dans les eaux profondes du fleuve Milo ce jour-là. Mais en vain. Chu Yuan ne revint pas. Il avait choisi de quitter ce monde. Aussi, afin de protéger Chu Yuan des prédateurs sous-marins, les habitants lancèrent des boules de riz gluant aux poissons. Ceux-ci repus ne mangeraient pas le corps de Chu Yuan.

Et c’est ainsi que cette pratique, comme celle du gong, furent renouvelées tous les ans pour commémorer la perte si grande de l’illustre Chu Yuan.

Aujourd’hui encore, pour la fête de Duan Wu Jie, en l’honneur du poète Chu Yuan, il est possible de manger des Zhongzi, boulettes de riz gluant, enveloppées dans une feuille de palmier.

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