mercredi 10 octobre 2007

Le voyage de Tchang E - II

Un jour, alors qu'il se trouvait à proximité du Mont Kunlun, Hou Yi entendit les habitants discuter à propos d’un sachet de pilules, appelées « Longue vie », réputées pour leur capacité à vous conduire au ciel. A ces propos, il fut fou de joie ! Il avait enfin fini de payer pour son crime. Après un si long périple, il pourrait enfin retourner au ciel, grâce à cet élixir. Jubilant, il se hâta de rentrer chez lui, pour rapporter la bonne nouvelle à Tchang E. Mais le bonheur n’arrive hélas jamais accompagné. Puisqu’au même moment, un malheur frappa la terre. Les montagnes et le ciel se mirent à pleurer. Des inondations désastreuses suivirent. Hou Yi pour assurer la survie de Tchang E partit à la chasse aux animaux marins. Mais les inondations furent si catastrophiques que les animaux se firent de plus en plus rares. Tchang E attristée, désespérée, se plaignait sans cesse. Et alors que la lune suspendue hautement et fièrement dans le ciel permettait au soir et à la nuit de s’installer, Hou Yi reprit le chemin de la chasse.

Tchang E resta seule à la maison, plongée dans ses souvenirs. Ah !! Qu’il était bon le temps de la cours céleste, où les saisons immortelles étaient insoucieuses, la vie paisible, les promenades se faisaient sur les nuages et les discussions au clair de lune… De souvenirs en souvenirs, Tchang E sombra dans une mélancolie profonde. Son spleen était si fort que Tchang E se précipita vers la cuisine où le sachet contenant l’élixir avait été soigneusement déposé par Hou Yi.

Le sachet en main, Tchang E hésitait encore, quand soudain, elle entendit un hennissement. Prise de panique, elle absorba le sachet en une seule gorgée. Presque immédiatement, son cœur devint léger, léger, léger… Alors que Hou Yi descendait de sa monture, Tchang E commença à flotter. Puis ses pieds quittèrent le sol de plus en plus haut. Quand Hou Yi pensa la retenir, il était déjà trop tard. Tchang E s’envolait pour disparaître bientôt du regard de Hou Yi et de l’horizon.

Tchang E, toujours plus haut, aperçut soudain la grande porte de la cours céleste. Les dieux, tous à l’entrée pour observer l’objet de leur dérangement, la regardaient.
Tchang E, innocente, naïve, crut qu’un accueil lui était réservé. Tout sourire, elle continua de se rapprocher de la porte. Mais très vite Tchang E put entendre les insultes et les propos réprobateurs que les dieux proféraient à son insu. Tchang E, honteuse, regrettant profondément son attitude, tête baissée, poursuivit courageusement son chemin. Abattue par son acte, elle se dit que le mieux était de s’orienter vers le palais glacé de la lune. Ce qu’elle fit…

Elle laissa la porte de la cour céleste derrière elle et se dirigeât vers la lune.

Et voici comment Tchang E devint une jeune femme solitaire, l’ombre du palais glacé de la lune.

Le voyage de Tchang E - I

Voici comment la jeune Tchang E, épouse du dieu archer Hou Yi, se retrouva enfermée sur la lune...

D’après la légende, sur la lune vit un lapin blanc, pilant du riz, jour et nuit. Ce lapin, tout le monde le surnomme le lapin de Jade.
Quant à son voisin, Wu Gang, il coupe du bois. Au fil des ans, armé de sa petite hache, Wu Gang coupe les arbres de la forêt lunaire. Tchak, Tchak, Tchak… Sans s’arrêter.
La légende raconte que l’empereur Ming de la dynastie Tang voyagea lui aussi en personne sur la lune et son palais.
Mais le jour de la fête de la lune, l’histoire que tout le monde à sur le bout des lèvres, est celle de Tchang E et son voyage sur la lune.

Les gens disent qu’à l’époque du souverain mythique Yao, sur la terre, apparurent dix soleils. La terre commença alors à brûler et les problèmes se multiplièrent : les fleuves s’asséchèrent, les forêts s’embrasèrent et le peuple affligé par cette terrible chaleur fut décimé progressivement.
Le grand Empereur céleste de Jade, voyant sa population mourir ainsi, ordonna au dieu archer, son disciple, appelé Hou Yi, de descendre du ciel afin de sauver son peuple de cet enfer. Ce jour-là, Hou Yi descendit sur terre, accompagné de sa femme, Tchang E.
Au commencement, Hou Yi se contenta de dire à sa femme : « Espérons que les dix soleils ne réapparaîtront plus ensemble, qu’ils alternent pour éclairer le peuple et tout rentrera dans l’ordre. » Mais l’affaire ne fut pas aussi simple !

Les dix soleils, non seulement continuèrent d’apparaître ensemble, mais encore leur puissance augmenta tout en se rapprochant davantage de la terre. Finalement, la terre prit feu. Tout brûla. Ce fut un désastre. Face à cet affreux spectacle, Hou Yi prit son arc noir et tira droit sur les soleils. Et une, deux, trois flèches filèrent ! Quand il ne resta plus qu’un seul soleil, pour éclairer la terre. Celle-ci pouvait retrouver ses zones d’ombres. L’unique soleil restant était bien sûr le seul que le dieu archer avait épargné de son arc.

Hélas, Hou Yi avait oublié que le soleil était le fils de l’Empereur de Jade céleste. Et en tuant les 9 fils de l’Empereur de Jade, Hou Yi commit l’irréparable.
L’Empereur de Jade, très touché par ces neuf disparitions et terriblement en colère, interdit à Hou Yi et son épouse leur retour à la cour céleste. Pauvre Hou Yi, il croyait bien faire. Il ne voulait que sauver la terre de cette catastrophe. Avec son épouse, il n’avait alors plus qu’à vivre sur terre et à endurer les difficultés et les misères du peuple.

Quoiqu’il en soit, Hou Yi avait bon cœur et décida d’éliminer sur terre, tous les animaux étranges et féroces de la terre.
Alors qu’il était à la chasse, lui vint à l’esprit une idée : en faisant toutes ces bonnes actions, l’Empereur de Jade ne pourrait que lui pardonner. Et il préparât ainsi avec dévouement un grand banquet fait du gibier chassé en l’honneur de sa majesté céleste. Rempli d’espoir, il attendit la permission de sa Majesté de Jade pour rentrer au royaume accompagné de son épouse. Or contre toute attente, sa Majesté se montra complètement indifférente à tout ce dévouement. Cette ignorance commença à irriter Tchang E. Celle-ci se plaignait constamment. Elle voulait revenir à la cour céleste. Ses plaintes devinrent tellement fréquentes que Hou Yi choisit de quitter son foyer.

Le tour du monde de Hou Yi débuta...


vendredi 28 septembre 2007

Sur la lune - II - le second voyage de l'empereur

La deuxième partie du voyage de l'empereur Tang Xuanzong sur la lune.

Le lendemain, l’empereur Tang Xuanzong ne cessa de repenser à l'air de flûte du palais de glace.
Aussi, pour être certain de ne pas oublier cet air de musique, avec l’aide du musicien de la cour, il recomposa l'air enchanté.

L’automne était arrivé très vite cette année là. L’empereur Tang, toujours incapable de retourner sur la lune, était désespéré.
Quand, le quinzième jour du huitième mois de l’année, il tomba dans un sommeil profond qui l’emmena à proximité d’un pont tout blanc. Là-bas, l’attendait un palanquin et ses quatre porteurs. L’empereur s’y installa et le palanquin s’envola. Et son royaume disparut progressivement pour laisser place à un palais merveilleux aux murs de jade!
Le jardin qui entourait le palais était tout aussi enchanté avec un jardin de fleurs si coloré que l’empereur en avait la vue troublée. Quand un bruit attira son attention.

Kac, kac, kac.

L’empereur, curieux, continua à s’approcher du bruit et vit un homme couper du bois. Mais ce qui retint surtout son attention, c’est que chaque arbre coupé repoussait aussitôt. L’empereur interrogea alors l'homme des bois.
«Votre majesté » lui répondit le bûcheron, « permettez-moi de me présenter, Wukang, bûcheron de la lune. Les sages m’ont ordonné de couper du bois en punition de mes fautes passées.»
« Mais mon brave, vos arbres repoussent tous. Il n’est donc pas nécessaire de vous épuiser à cette tâche»
« Mon seigneur, si ces arbres repoussent, c’est pour m’apprendre la patience. C'est pourquoi j'ai l'ordre des dieux de couper des arbres qui repoussent tous les jours». L’empereur laissa Wukang à sa besogne.

Il pénétra dans une forêt. Près d’un pont, un lapin blanc était en train de moudre des plantes médicinales. C’était le lapin de jade, envoyé ici par les dieux, pour fabriquer la poudre des dieux. L’empereur essaya de s’approcher du lapin pour se présenter.

Hélas, le lapin de jade prit peur et s’enfuit.

Toujours en voyage sur la lune, sa majesté poursuivait sa visite, en quête du joueur de flûte. Il entra dans un jardin de bananier, au centre duquel, était placée une petite maison en pierre, sans porte. Il s’approcha alors pour y chercher une entrée, quand il recula, effrayé.
« Ah, mais qu’est-ce que… c’est que ce truc !!»
Choqué, sans voix. L’empereur, peu téméraire pourtant, mais surtout curieux, s’approcha de cette maison. Il étudia cette forme grise plus attentivement, quand il commença à décerner une forme, comme un coquillage géant, avec trois jambes et une grande bouche. Il était face au crapaud, mangeur de lune. Aussi, parce qu’il avait pour mauvaise habitude de manger la lune, celle-ci avait inventé sa forme en croissant, plus difficile à croquer. Mais aujourd’hui, c’était le quinzième jour du huitième mois, et la lune était ronde. Le crapaud s’en donnait alors à cœur joie de croquer dans la lune.

L’empereur laissa le crapaud à son festin et s’aperçut que plus il avançait plus il s'élevait. Quand, il arriva au palais de la lune. Sur la porte du palais, il était écrit, « Palais de glace doré». L’empereur, proche de son objectif, accéléra son pas, tout en tendant l'oreille. La douce musique revenait. Il avait retrouvé son air de flûte. Mais cette fois-ci, il ne s’arrêta pas et s’avança jusqu’à la porte derrière laquelle venait le son de la flûte. Il entrouvrit la porte et vit un orchestre uniquement composé de jeunes filles danseuses et joueuses de flûte. L’empereur s’arrêta pour écouter cet air qu’il avait eu tant de mal à retrouver.

Il se rappela alors que sur la lune vivait aussi Tchang E, la belle épouse de Hou Yi. L’empereur eut envie de voir Tchang E, d’en apercevoir sa beauté. Il referma doucement la porte de la salle de musique pour ne pas déranger les demoiselles puis, s’aventura plus en avant dans le palais de glace. Quand tout à coup, toutes les bougies s’éteignirent ! Tchang E avait compris l’intention de l’empereur Tang et voulait refouler sa curiosité. L’empereur, toujours aussi peu téméraire, peureux, recula jusqu’à la porte du palais.

La peur le réveilla...