vendredi 20 avril 2007

L'arbre à sapèques

Voici la légende de l'arbre à sapèques

Il y a déjà fort longtemps, dans la Chine ancienne, la légende parlait d’un arbre à sapèques. L’arbre de la fortune. Cet arbre se trouvait au sommet de la plus haute montagne de Chine. Avant de pouvoir atteindre cet arbre et de l’admirer avec toutes ses sapèques, ses pièces d’or et d’argent, il fallait gravir un versant de montagne très abrupt. Mais une fois arrivé au sommet, alors la fortune s’offrait à celui qui le secouerait.
Secouer l’arbre une première fois et des sapèques tomberont, disait la légende.
Une deuxième fois et de l’argent tu récolteras, affirmait toujours cette légende.
Et à la troisième fois, des lingots d’or tu auras.

Hélas, cet arbre à sapèques était capricieux. L’arbre se trouvait certes au plus haut sommet de la montagne de Chine, mais il lui arrivait aussi de disparaître. Ses apparitions étaient ainsi exceptionnelles. L’arbre à sapèques se faisait rare, si bien que les habitants du village sur le versant de la montagne se rendaient souvent au sommet de cette dernière, pour y guetter son apparition. Mais en vain. Cet arbre n’était qu’une légende dans le cœur de ceux-ci. Et les plus jeunes n’y croyaient même plus. Depuis des générations et des générations, personne n’avait aperçu cet arbre. C’est ainsi que même le plus avare des avares du village, le dénommé Huang, avait renoncé à ce rêve de voir un jour l’arbre à sapèques.

Quand une année, le premier jour de cette année exactement, un rayon lumineux argenté et doré jaillit de la montagne. Un halot lumineux, féerique enveloppait le sommet de la montagne. Scintillant, miroitant, le sommet attira les regards des habitants. Et par cette froide matinée d’hiver, la lueur dorée vint réchauffer le cœur des habitants. Tous savaient que cette lueur n’était autre que le rayonnement des branches de l’arbre à sapèques !
Tous les habitants, en cœur, et encore plus joyeusement qu’ils auraient souhaité les bons vœux à leurs voisins, s’écrièrent « l’arbre à sapèques, l’arbre à sapèques ! Il est apparu ! Il est apparu ! Venez voir ! Il est apparu ! ». Tous effaré, en plein rêve, en train de vivre une légende qu’ils avaient entendu se répandre dans la bouche des anciens, tous rester là, debout, à observer cette lueur. La bouche ouverte, ébahis, tous commençaient à rêver de ce qu’ils allaient pouvoir faire avec leur or.

Aussi, à cette grande nouvelle, Huang le vieil avare, ayant depuis longtemps projeté ce périlleux voyage au sommet de la montagne, ne resta pas à rêvasser comme ses voisins. En quelques secondes, il rassembla des vivres, noua son baluchon rempli de vivres autour d’un bâton et sans prévenir personne, avec son paquetage sur l’épaule, prit la route ; direction, le sommet de la montagne, où se trouvait l’arbre à sapèques.
Huang, l’avare, motivé par les promesses de la légende de l’arbre à sapèques, défia tous les périls de la nature. Versant abrupt, escarpé, difficile à escalader, rien ne lui résista. En effet, la vision de tout cet or, la pensée de savoir qu’un arbre produisant de l’or l’attendait en haut de la montagne, eu raison de la pente. Courageux, motivé, il brava tous les dangers, affronta les pires escarpes. Dix jours de calvaires plus tard, il atteignit enfin le sommet de la montagne.

Il était là, en face de lui, l’arbre à sapèques scintillant, dans toute sa splendeur, argenté, doré miroitant !!!
Le vieillard, le cœur affolé, se répétait à lui-même, en sourdine pour être sûr que personne ne l’entende : « Je l’ai trouvé ! Je l’ai trouvé ! Je l’ai trouvé ! » Et comme un fou, il se précipita au pied de l’arbre. Il l’embrassa de toutes ses forces, le serra dans ses bras et au plus vite le secoua sans relâche de toutes ses forces.
« Giling, giling, giling… »
Et comme l’avait prédit la légende, de cet arbre tomba des sapèques. Le sol en fut recouvert.
« Quoi, mais ce ne sont que des vulgaires sapèques. Qu’est-ce que j’en ferai moi de cet argent qui n’est même pas véritable. Moi je veux de l’argent ! Du vrai !»
Alors, il entoura l’arbre de ses bras, le serra à nouveau et le secoua de toutes ses forces. Et oh merveille ! De l’argent, blanc, brillant argenté, tomba de l’arbre. Le sol en fut couvert, un tapis blanc, étincelant, comme lorsque la neige recouvre le sol montagneux, un paysage splendide.
Mais le vieux Huang, ne put se contenter de cet argent. Sachant que l’arbre à sapèques était aussi réputé pour donner de l’or, après avoir obtenu l’argent désiré, il voulait aussi l’or de l’arbre. Alors, il reprit l’arbre entre ses bras et le secoua encore trois fois et de toutes ses forces. Comme prévu, à la troisième fois, l’arbre à sapèques lui donna tout l’or qu’il possédait. Le sol, jaune, doré, miroitant était recouvert d’or.

Le vieux Huang, au milieu de tous ces lingots, se dit que grâce à cet arbre, il pourrait enfin devenir l’homme qu’il avait rêvé d’être, l’homme le plus riche du monde. Plus riche encore que l’empereur lui-même. Pourquoi se contenter de ces quelques lingots alors que l’arbre à sapèques était encore là, à disposition pour lui fournir la plus grande fortune du monde ! Non il n’allait pas s’arrêter là. Il fallait encore le secouer l’arbre à sapèques !
Il le serra dans ses bras, le secoua de toutes ses forces tout en rêvant de ses lingots, quand une pluie de lingots le frappa. Son corps fut meurtri par les lingots. Une averse de lingots était en train de l’abattre. Le vieillard heureux parmi son or ne pouvait se résigner à lâcher le tronc de l’arbre à sapèques et continuait ainsi à secouer. Il secouait, secouait!!
Quand tout à coup, un grand bruit se fit entendre, comme si le ciel s’était écrasé sur la terre. Au pied de l’arbre, une grande crevasse se forma. L’arbre à sapèques toujours dans les bras du vieil avare se renversa et le vieux Huang fut pris au piège sous celui-ci. Il était immobilisé. Plus un geste, il ne pouvait plus rien faire. Là, étendu dans la crevasse, perdu au milieu des lingots. Puis les sapèques, l’argent et les lingots progressivement s’effacèrent de la vue du vieillard, tout disparut.
Et c’est ainsi que pour son rêve, son rêve de faire fortune, il avait perdu sa vie ! Au prix de sa vie, il avait tenté son rêve de richesse.