vendredi 17 août 2007

La tisserande et le bouvier

En Chine, le septième jour du septième mois de l'année chinoise, c'est la fête de la tisserande et du bouvier. Journée où l'on célèbre leur amour ainsi que tous les amoureux.


Voici la légende de la tisserande et du bouvier


Il était une fois Niu-Lang, le garçon qui vivait avec les vaches. Orphelin, il vivait avec son frère aîné et son épouse. Ceux-ci, déjà très pauvres ne pouvaient parvenir à éduquer le jeune Niu-Lang. Ils l’avaient ainsi dès son plus jeune âge installé avec le bœuf de la maison. C’est ainsi qu’on l’appela Niu-Lang. A sa majorité, son frère aîné et son épouse firent un partage des biens des parents qu’ils jugèrent tous équitable. Niu-Lang aurait le bœuf et son attelage et son frère, le reste.

Niu-Lang fut ainsi renvoyé de la demeure de son frère. Il n’avait plus d’attache. Orphelin, il l’était désormais aussi de frère. Seul son bœuf, son ami fidèle qui l’avait vu grandir, restait à ses côtés.
Alors Niu-Lang s’éloigna de son village natal et marcha jusqu’à ce qu’il trouve une terre. Il l’a trouva près de la montagne. Il y construisit sa maison et laboura sa terre.

Un jour alors qu’il était assoupi à l’ombre d’un rocher, son ami le bœuf, pour la première fois, prit la parole :
« Niu-Lang, écoute moi. Je suis le bœuf céleste, Jin Niuxing. N’ayant pas été fidèle aux lois de notre royaume céleste, j’ai été renvoyé sur terre pour l’éternité. Maintenant, je suis à tes côtés. Ecoute-moi, il faut te marier. Aujourd’hui, tu en as l’opportunité, alors écoute-moi bien et ne perd pas cette occasion incroyable. »
Le bœuf expliqua à Niu-Lang comment se rendre auprès d’un lac au centre de la forêt. Il suivit les paroles de son bœuf et s’y rendit. Sur place, il entendit des chuchotements. Attiré par ses étranges sons, il s’approcha du lac ; quand il découvrit une dizaine de jeunes filles en train de se baigner. Plus loin près du lac, les peignoirs de soie des jeunes filles étaient posés à même le sol. Niu-Lang s’en approcha et en prit un rouge comme le lui avait conseillé son fidèle ami le bœuf. Il attendit alors près du lac et observa les jeunes filles.

Celles-ci discutaient et jouaient avec insouciance, quand tout à coup l’une d’entre elles s’inquiéta :
« Sœurs, il se fait tard, regardez le soleil se coucher. Nous avons quitté le royaume céleste sans prévenir notre mère supérieure, si elle l’apprend, elle nous punira. Vite, rentrons ! »
Et les jeunes filles s’envolèrent vers le ciel, pays du royaume céleste, sauf une.

« Mais où est mon peignoir ! Qui a vu mon peignoir !! » Quand Niu-Lang s’approcha et caché par un buisson, tendit le peignoir rouge qu’il venait de saisir.
« Tiens ! Prends-le ! Je n’ai rien vu. Sois tranquille ! »
Et la jeune fille enfila son peignoir. Puis, elle demanda à Niu-Lang de sortir de son buisson pour se présenter décemment. Alors Niu-Lang s’exécuta et humblement se courba pour lui faire avec toute dignité ses excuses. Il en profita pour se présenter et comme il n’avait jamais parlé à personne, il se présenta d’une manière peu formelle, à sa façon :
« Moi Niu-Lang, orphelin de père et de mère et cadet de deux enfants, a vécu chez son frère pendant des années. N’ayant que pour seul lit la couche du bœuf et pour repas les restes de leur déjeuner et dîner. Me voilà désormais seul avec mon bœuf. »

La jeune fille touchée par cette si triste histoire ne put que le plaindre, puis se présenta à son tour :
« Moi, fille du ciel, Zinu, tisserande de métier, réside sur les beaux nuages. Et tous les nuages lumineux que tu aperçois proviennent de mon métier à tisser. Ma mère, la déesse mère, me demande de tisser jours et nuits. Me voilà enfermée dans cette tisserie depuis des années. Ma prison dorée me détruit. Le royaume céleste me prive de liberté. J’ai désormais envie de vivre sur terre. La déesse mère, justement ivre morte aujourd’hui, j’ai pu saisir l’occasion pour m’en échapper avec mes sœurs. Ah la terre est vraiment merveilleuse, les paysages magnifiques ! »

« Zinu, puisque le royaume céleste ne te convient pas, pourquoi ne resterais-tu pas ici sur notre terre. J’aime la vie et toi aussi, alors vivons heureux, vivons ensemble. Marions-nous et tu n’auras plus besoin de rentrer au royaume céleste. Vivons heureux ensemble ! »
Ils vécurent heureux et eurent deux beaux enfants. Sept années passèrent. Niu-Lang, Zinu et leurs enfants vivaient
heureux en ménage .

Lorsque Zinu commença à s’inquiéter.
« Voilà sept ans de passés sur terre soit sept jours dans le royaume céleste. La déesse mère devrait commencer à vouloir me chercher. »

En effet, la déesse mère, informée de la fuite de sa tisserande, commençait à perdre patience.
« Elle croit qu’elle peut choisir son destin et s’installer au pays des êtres vivants ! Les habitants du royaume céleste restent au royaume céleste, c’est la loi. Il ne le quitte que lorsqu’ils en sont chassés. Jamais je ne l’ai chassée ! Elle me doit de revenir ! Et puisqu’elle ne revient pas, je vais aller la chercher moi-même ! »
Voilà comment la déesse mère se rendit sur terre et déroba Zinu à sa famille pendant un après-midi d’été.

A cette terrible nouvelle, Niu-Lang choisit de suivre Zinu au royaume céleste.
Il embarqua les enfants avec lui et grâce au bœuf, son ami fidèle, Niu-Lang s’envola à la recherche de sa bien aimée. Zinu, la malheureuse, enlevée par la déesse mère, se retrouva bientôt séparé de son mari par un océan de nuage. Et malgré l’aide de son bœuf, il était impossible à Niu-Lang de traverser cette mer de nuages.
Quand tout à coup, des oiseaux, tous venus à l’aide de la tisserande et du bouvier formèrent un pont pour permettre aux deux amants de se retrouver une dernière fois. Zinu put embrasser très fort ses enfants et son époux avant de retourner à son métier à tisser.

Quant à la déesse mère, face à cet attendrissant spectacle, elle décida d’être clémente et de leur accorder un jour de rencontre par an, le même que celui où ils se sont quittés, le septième jour du septième mois de l’année !