samedi 12 octobre 2002

Le renouveau des cinémas chinois : le cinéma hong-kongais

Depuis les années cinquante, les productions cinématographiques hongkongaises sont majoritaires en Asie orientale. Cependant, le cinéma de Hong Kong est très récent, puisqu'il se développe avec les vagues d'immigration chinoise, dans les années quarante et soixante. Il devient un cinéma de référence dans les années soixante, grâce à l’invention du cinéma de kung fu. Il est né d'une volonté de concurrencer les cinémas d'action japonais et américains et s'est développé, grâce à un commerçant, M. Shaw. (Celui-ci ayant hérité d’un théâtre, pour tous règlements d'une dette de jeux. Par la suite, par soucis de développer le théâtre familial, les Shaw ont promotionné le « cinéma de kung fu »[1]. A Hong Kong, le cinéma est alors pendant longtemps uniquement commercial et étroitement contrôlé dans les années soixante et soixante-dix par les frères Shaw. Tous les films s’adressent au public chinois, diaspora comprise, impliquant une distribution et une production de masse. Dans ce système, même les œuvres plus personnelles doivent être rentables, présenter des « stars du box-office » ou être, des films désignés comme « tendances ».

Ces films sont tous des films de genre (policiers, sentimentaux, comiques, épiques...), où la culture traditionnelle chinoise est intégrée aux thèmes internationaux et universels, tels l'amour, la mort... Les réalisateurs sacrifient leurs idées au nom du marché. Dans ces conditions, il est difficile de parler de cinéma d'auteur et le cinéma hongkongais apparaît essentiellement commercial[2]. Dans les années quatre-vingts, la production et la distribution changent de mains et quelques grandes compagnies remplacent le monopole des frères Shaw ; quatre circuits majeurs se distinguent dans la production et la distribution avec la Golden Harvest, la Cinema City, la D and B et la Sil-Metropole. En 1988, des œuvres plus personnelles sont favorisées par un nouveau producteur, Newport Entertainment Ltd. Cependant, avec l'arrivée de nouveaux moyens de distribution ( vidéo, VCD et DVD), les productions s’avèrent de moins en moins fructueuses. Les producteurs se montrent davantage frileux, et restreignent les jeunes réalisateurs dans leur créativité, pour favoriser les films rentables. Aussi les cinéastes sont soumis à deux critères de censure lors de la réalisation de leurs films. Ils ne doivent, ni choquer les pays voisins, ni aborder le rattachement de Hong Kong à la Chine en 1997.

Toutefois les jeunes cinéastes hongkongais, contournant très bien ces contraintes de production, créent des œuvres plus personnelles, des films de genre nouveau, revisitant des modèles déjà trop exploités. Tsui Hark, après King Hu, révolutionne les films de Kung-fu ; John Woo invente un nouveau héros, le tueur romantique ; Allen Fong Yuk-ping crée le « cinéma vérité » ; enfin Ann Hui On-wah expérimente un cinéma de femmes. Ils donnent un souffle au cinéma hongkongais. Une « nouvelle Vague » de cinéastes émerge, formés, pour la plupart, à l'étranger et à la télévision.




[1] Lire Olivier ASSAYAS et Charles TESSON, Hong Kong Cinéma, Paris, Ed. Cahiers du cinéma,1984, p.27-28.

[2] Lire Matthieu DARRAS, « A la recherche d'un nouveau souffle », Positif, n°455, janvier 1999, p.74-77.

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