vendredi 9 février 2007

Sauvés par les lanternes rouges

Voici comment toute une population fut sauvée par les lanternes rouges.

A la fin de la dynastie Ming régnait en Chine l’empereur Chuang, Li Ze Cheng. En voyage dans son royaume, il arriva aux portes de la ville de Kaifeng. Toujours insoumise au royaume Ming, l’empereur Chuang avait choisi de la conquérir. Avec son armée, ils installèrent un campement près des murailles de la ville afin de permettre aux soldats de se reposer et de préparer leur stratégie d’attaque.

Les conseillers de Chuang l’informèrent :
« Votre majesté, la ville sera difficile à conquérir. L’armée a épuisé toutes ses provisions. Nos soldats ne pourront pas supporter de batailles supplémentaires. Il se trouve aussi que la province de Kaifeng est assez importante. La population est nombreuse. Nous devons préparer une stratégie d’attaque infaillible.»
« Oui, la population est élevée et toute intrusion que nous ferons dans cette ville provoquera de nombreuses victimes. Nous devons être prudents. Je ne voudrais pas encore une fois décimer des populations entières. Je vais d’abord m’introduire discrètement dans la ville afin d’établir clairement sa situation. Nous aviserons alors» enchaîna l’empereur.
Et l’empereur s'habilla comme un simple marchand de légumes ambulant, dans le but de pénétrer dans la ville pour en faire l’état des lieux.

Arrivée dans le centre, l’empereur Chuang put constater que la panique y régnait.
« Allez dépêchez-vous, l’armée de Li Ze Cheng, l’empereur Chuang est là. Ils ne vont pas tarder à attaquer. Allez tous à vos postes»pouvait-il entendre aux pieds de la muraille de la ville, là où les fortifications étaient en train d’être montées.
« C’est terrible ! L’empereur Chuang est là aux portes de la ville. »
« Il paraît qu’il a les sourcils rouges sang, et les yeux verts ! Là où il passe, l’herbe ne repousse plus !» percevait-il dans les discussions des habitants de la ville.
« Oui et toutes les personnes qui ont eu le malheur de croiser son chemin sont mortes, la tête tranchée. C’est un tyran invincible. Il coupe les têtes comme on coupe les concombres, en tranches fines!» racontaient les jeunes de Kaifeng.
« TTTTT, tout cela ne sont que des rumeurs !» lança un vieillard. «L’empereur Li Chuang n’est terrible qu’avec les ennemis. Moi au contraire, j’ai entendu dire qu’il est aussi bon envers la population qu’il est terrible envers l’armée ennemie.» Puis, apercevant le marchand de légumes ambulant, qui n’était autre que l’empereur lui-même, il l’interpella :
« Tiens et toi là bas! Oui, toi le marchand ambulant, tu as beaucoup voyagé pour vendre tes légumes. Tu as déjà dû rencontrer l’empereur Chuang. Comment est-il ?»
L’empereur heureux d’avoir l’occasion de mettre un terme aux rumeurs lancées par tous les officiers et seigneurs corrompus qui avaient réussi à s’insurger contre son pouvoir et son royaume, commença par leur raconter ce que le marchand ambulant avait soi-disant vu dans un village voisin reconquis par l’empereur Chuang.

« Oui; je l’ai déjà vu l’empereur Chuang. Il n’est non seulement pas immense avec les dents pleines de sang et les sourcils rougeoyant de cruauté surmontant des yeux verts terribles, mais il est surtout, comme vous et moi. Il ne paraît être qu’un simple citoyen seulement reconnaissable par son manteau d’empereur.»
« Aussi, je l’ai vu de mes propres yeux. Non seulement il libère les populations des taxes qui pèsent sur elles depuis que les seigneurs nous gouvernent, mais encore, tout l’argent des officiers et seigneurs superflu et gagné de nos taxes est reversé aux populations dans le besoin. A tous les pauvres dont l’argent fut spolié par les seigneurs locaux.»
Bien sûr les propos du marchand ambulant, qui n’était autre que l’empereur, firent de l’effet sur les habitants de la ville de Kaifeng. « AH bon ? Mais alors nous ne devons pas le fuir, mais au contraire rester là pour l’accueillir!» s’écrièrent les hommes de la ville.
« Oui mais, comment fait-il pour distinguer les simples habitants des seigneurs et officiers corrompus du royaume ? Il est facile de se tromper et de trancher la tête de n’importe qui!» lança un habitant.
« Mais oui, c’est vrai ça. Comment peut-il juger d’une personne rien qu’en la voyant. »
Et pendant que tout le monde chercher une solution, l’empereur Chuang observant un enfant tenant une lanterne rouge dans ses mains, eût une idée.
« Pourquoi tout le monde n’accrocherait-il pas une lanterne rouge à sa porte en signe d’allégeance à l’empereur. Ainsi de jour ou de nuit, l’empereur verrait ces lanternes et ne s’attaquerait pas à vos demeures. Oui c’est cela, les lanternes rouges seront le signe de reconnaissance des pauvres de la ville.»
« Oui mais comment les soldats de l’empereur sauront que nos lanternes rouges représentent notre pauvreté et qu’il faut ainsi nous épargner?» questionna un des habitants.
Et l’empereur Chuang qui avait presque oublié son déguisement dit aux habitants. Et bien, je vais écrire une lettre à l’empereur. Je vais l’avertir du code que vous avez établi entre vous. Ainsi informé, il lui sera aisé de trouver les seigneurs corrompus et l’armée quittera la ville le plus tôt possible. Mais surtout, n’informez pas les seigneurs et officiers locaux!» leur recommanda encore une fois l’empereur, sous son déguisement de marchand ambulant avant de partir.
Ainsi toute la ville se prépara à l’attaque de l’armée de l’empereur Chuang.

L’empereur, ayant rejoint son armée, avec ses généraux, informés du code des lanternes rouges, ensemble ils préparèrent le plan d’attaque. Quant aux officiers de la ville de Kaifeng, eux aussi, ils se préparèrent à l’attaque. Et voyant que les soldats de l’armée de l’empereur Chuang étaient quasiment aux portes de la ville, ils ouvrirent alors le barrage du fleuve jaune. Ainsi la ville inondée arrêterait les soldats ennemis. Et la population dans tout ça ? Oh et bien tant pis !

Le barrage ouvert, le fleuve déferla sur la ville. Il inonda la ville en quelques minutes. Face à ce terrible monstre marin qu’est le courant du fleuve jaune, les habitants furent bien démunis. Tout le monde se précipita sur les toits des maisons. Et les habitants, toujours confiants envers les paroles du marchand ambulant, même dans leur précipitation n’oublièrent pas les lanternes. Progressivement, les soldats purent repérer et sauver les victimes des inondations et des seigneurs locaux grâce aux lanternes. Et même avec tout leur or, les officiers et riches marchands corrompus de la ville ne purent être sauvés !

Depuis ce jour là, personne n’oublie de commémorer le jour où l’empereur Chuang sauva son peuple en accrochant des lanternes rouges.

Aucun commentaire: